Last dance [PV Gaby]

Lay down a list of what is wrong,
The things you've told him all along,
And pray to God he hears you...

"Alors, tu en penses quoi, Heaven ?
- Hein ? Euh... oui, c'est très bien !
- Je parie que tu ne m'as même pas écoutée... ça fait cinq fois en deux jours ! Qu'est-ce qui se passe ?"

Salle commune du lycée, dix-sept heures. Rassemblées devant les bûches qui brûlaient joyeusement dans la cheminée, Heaven et Lucy discutaient tranquillement. Enfin, discuter était un grand mot. A vrai dire, il n'y avait que l'autre jeune fille qui faisait la conversation. Heaven, elle, semblait complètement perdue dans ses pensées. Sous le regard interrogateur de son amie, la jeune femme se sentit gênée. Que pouvait-elle inventer, comme excuse ? Elle avait déjà tellement menti, depuis quelques temps... Luc' allait se douter que quelque chose n'allait pas et que Heaven avait toujours une histoire un peu près plausible à raconter pour expliquer le fait qu'elle partait souvent dans un 'autre monde'. Le problème était qu'elle n'avait absolument pas envie de dire la vérité, à qui que ce soit...

"Il n'y a rien du tout, je t'assure...
- Oui, c'est ça ! Et moi, je suis la Reine d'Angleterre...
- Mais puisque je te dis que...
- Arrête de me raconter des histoires ! C'est cette lettre que tu as reçue avant-hier qui te met dans cet état, c'est ça ?"

Heaven se figea. Comment avait-elle pu deviner ? Cela se voyait-il tellement ? Car, en effet, c'était bien le petit mot qu'on lui avait apporté qui la tracassait tellement. En essayant de ne pas faire paraître son ébahissement, elle prit un air détaché et elle ne se força à esquisser un petit sourire qui, malheureusement, n'était pas très convainquant. Pas grave, elle ferait mieux au prochain round...

"Mais non, pas du tout... C'est juste les devoirs qui m'angoissent un peu ! D'ailleurs, je vais aller prendre l'air."

Et sur cet autre mensonge, sans écouter son amie qui l'appelait pour la retenir, Heaven sortit de la salle commune pour se retrouver dans le couloir. Avec l'énergie du désespoir, elle se mit à courir le plus vite possible. Elle ne savait pas vraiment où elle allait, mais elle s'en fichait bien. Tout ce qui comptait, c'était de s'éloigner le plus loin possible et à toute vitesse. Quelques personnes la saluèrent certainement au passage, mais elle ne leur prêta pas d'attention. Ces gens la bouderaient sûrement pendant quelques jours, mais encore une fois, elle s'en fichait. Pour le moment, il y avait plus important.

Après quelques minutes de course à perdre haleine qui lui parut des heures, Heaven se stoppa près d'un arbre, dans le parc. Les mains tremblantes, elle sortit une lettre froissée de sa poche. La fameuse lettre dont son amie lui avait parlé, quelques temps plus tôt. La même qu'elle avait reçu avant-hier et qu'elle aurait préférait ne jamais apercevoir. Hésitant un instant, elle la déplia et relut pour la centième fois les quelques mots qui y été inscrits. Sans s'en rendre vraiment compte, au fur et à mesure de sa lecture, elle les chuchota.

"Chère Heaven,

Nous sommes vraiment désolés de t'annoncer ça, mais ton cousin Andrew est mort hier soir, à cause d'un accident de moto. Il paraît que tu étais très proche de lui. C'est vrai ? Nous ne nous en sommes jamais rendu compte. Ce n'était peut-être pas si réel que ça.

Sinon, tes études se passent bien ? Nous aimerions avoir un peu plus de nouvelles de toi, nous commençons à nous inquiéter.

Sache que l'on t'aime,

Elizabeth et Andrew."

Encore une fois, la jeune femme sentit ses larmes monter aux yeux. Ils étaient idiots, ou quoi ? Bien entendu qu'elle était proche de lui ! C'était pratiquement son meilleur ami. De toute façon, Heaven savait qu'ils s'en fichaient complètement. La famille, les amis, tout ça n'avait aucune importance pour eux. Et, ça, associé à sa tristesse d'avoir perdu un être cher, la rendait folle de rage. Elle les détestait, tous autant qu'ils étaient. Pire, elle les exécrait. Comment pouvait-il lui envoyer une telle lettre ? Comment pouvait-il lui annoncer ça, comme si c'était un résumé de leurs vacances ? Elle ne les supportait plus. Pourquoi les meilleurs partent-ils toujours en premier ?

Tic, tic, tic, tic, tic, tic ... Poc, poc, poc, poc ...

-"T'as pas fini de jouer avec ton stylo oui ?!"

Gabriel s'était retourné brusquement vers son voisin de derrière, pendant le cours d'art dramatique. Le voisin en question était brun, avec des mèches de cheveux lui tombant sur le visage de sorte que ses yeux soient masqués. Il avait dans sa main un stylo, de couleur bleu et il s'amusait à en faire rentrer et sortir la mine, en appuyant sur un bouton, provoquant un bruit extrément irritant. L'heure precédente avait été ravageuse : le professeur avait rendu des tests et Gabriel avait récolté un joli E - avec l'appréciation Ridicule ! Autant dire que l'atmosphère de l'assemblée était tendue. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le lycéen avait reproché assez séchement à son camarade le fait que le bruit de son stylo soit agaçant. Le garçon aux cheveux longs avait répondu :

- "Hey, t'énerves pas Gab', relax !"
- "Ecoute, tu me dis pas de me calmer !"

En prononcant ces mots, Gabriel s'était presque levé. Il était tendu, très tendu, en particulier à cause de la note qu'il avait reçu mais dans un sens plus large par toutes les notes qu'il avait eût depuis le début de cette année. La professeur d'arts dramatique avait interrompu son cours et s'était approché des deux jeunes belliqueux. Elle avait attendu que Gabriel se remette façe au tableau, dans le sens le plus approprié pour suivre correctement n'importe quel cour ou déclaration et l'avait fixé droit dans les yeux :

- "Vous allez me faire une dissertation supplémentaire ... Sur le fait que dans Romeo & Juliette, Shakespeare ne décrit ni la ville, ni ses habitants, ce qui lui permet d'évoquer l'un à travers l'autres !"
- "Ben merde alors ..."
- "Vous allez aussi prendre vos affaires et sortir par la porte."

Au ton de la voix, Gabriel n'avait pas pensé une seule seconde à polémiquer ni même à s'excuser. Il avait remballé ses notes et sa trousse, fermé son sac et était sorti de la salle en claquant la porte verte. Le couloir était vide, aussi le jeune lycéen se mit à courir, aussi vite que lui permettait ses jambes. 7 minutes et 34 secondes plus tard, il se retrouva en plein milieu de la forêt qui faisait office de parc. Il poussa un cri qui le soulagea, au plus profond de lui-même et s'assit. Après quelques minutes de torture mentale, Gabriel se releva, et avec une démarche hésitante, il se mit à parcourir le parc. Plus en profondeur dans la forêt, il rencontra un corps sanglotant, adossé à un arbre.

- "Heaven ?? C'est toi ?! Ohh crap, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui va pas ? Dis moi, vas y, t'inquiètes pas, je suis là maintenant ..."

Heaven n'en pouvait plus. A vrai dire, cela faisait déjà quelques jours qu'elle gardait toute cette tristesse en elle, pour ne pas montrer qu'elle allait mal. Ce n'était pas par pudeur, non ; c'était surtout par fierté. Et puis la jeune femme avait toujours été celle qui consolait, qui rassurait. Celle qui ne craquait jamais, le pilier sûr, la fille bien, quoi. Alors, vous pensez bien, elle ne pouvait pas se permettre de laisser couler ses larmes devant tout le monde de la sorte. De toute façon, ce n'était pas dans son caractère de pleurer pour un rien? Mais, là... ce n'était pas pour un rien. Et pourtant, elle aurait tellement voulu que ce soit pour une histoire puérile, pour une amourette de fin d'adolescence, pour une dispute idiote avec une amie... sauf que, non, ce n'était pas si anodin, bien au contraire. De ce fait, malgré la barrière de ses paupières closes, un flot de larmes inondait ses joues. Personne ne l'avait jamais vu pleurer. Sauf lui.

Flash back.

"Tu veux pas te taire, un peu ?
- Oh ça va, Heaven ! Que tu es susceptible, en ce moment !
- Lâche-moi..."

Mais Elizabeth, son amie, avait strictement raison. Heaven était vraiment très énervée en ce moment et ça ne risquait pas de changer si elle ne déguerpissait pas dans les dix prochaines secondes.

"Mais...
- BARRE-TOI J'TE DIT !"

Elizabeth la regarda avec des yeux ronds mais en profita pour sortir du dortoir, en lui lançant un regard noir. Heaven soupira et se recroquevilla sur elle même, se rendant bien compte que son amie risquait de ne plus lui parler pendant quelques temps. La raison de sa colère était encore une fois ses parents. Et pour la deuxième fois depuis qu'elle était ici, les larmes lui montèrent aux yeux. Qu'est-ce qu'elle pouvait en avoir marre, de pleurer...

"Eh, Heaven ! Tu peux me donner ton avis sur..."

La voix se tut en plein milieu de sa phrase et la jeune femme leva les yeux. C'était Gabriel, son meilleur ami. Celui s'approcha et la regarda, inquiète.

"Heaven, qu'est-ce qui se passe ?"

Fin du flash back.

"Heaven ?? C'est toi ?! Ohh crap, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui va pas ? Dis moi, vas y, t'inquiètes pas, je suis là maintenant ..."

La voix de Gabriel la sortit de ses pensées ou plutôt de ses souvenirs. Le visage ruisselant de larmes, les yeux rouges, elle se jeta à son coup, faisant tomber la lettre de ses mains. Ses pleurs redoublèrent d'intensité, tandis qu'elle essayait de chercher un maximum de réconfort auprès de son meilleur ami.

"Gabriel... je... je n'en... je n'en peux plus..." murmura t-elle, la voix entrecoupée de sanglots.

Dans les pires moments, il faut parfois l'aide de ses meilleurs amis...

Dans les pires moments, il faut parfois l'aide de ses meilleurs amis. Gabriel avait un don. Pour la communication. Sa il était doué, il savait quoi dire et quoi faire pour ne pas blesser les gens, pour les réconforter aussi. Il savait joué sur les mots, savait dire une chose d'une certaine manière. Un talent non négligeable dans la vie de tout les jours.
Heaven n'allait pas bien. De ça aussi il était conscient et c'était un gros problème : cela faisait déjà plusieurs semaines que Gabriel voyait son amie sombrer, doucement mais sombrer quand même. Elle était adossée à un arbre et pleurait.

- "Gabriel... je... je n'en... je n'en peux plus..."

Le jeune homme la serra entre ses bras à demi dénudés et elle cala sa tête contre son épaule. Le guitariste était mal à l'aise dans cette position : Heaven était si belle et si fragile que Gabriel osait à peine bouger. Son coeur se mit à accélérer la cadence et il prit peur que Heaven le remarque. Il la redressa, essuya les larmes qui coulait le long de son visage et lui dit :

- "Tu sais que quand tu pleures, on dirait la fille de Frankenstein !

Les larmes étouffèrent un rire.

- "Ecoute Heaven, en temps normal je comprendrai parfaitement que tu ne veuilles rien me dire mais aujourd'hui et maintenant, il faut que tu me parles : ça fait deux semaines que j'ai remarqué que tu n'allais pas bien et puis depuis que l'on à sorti notre single, les paparazzi essayent de nous suivre et c'est de plus en plus dur de les éviter. C'est maintenant plus que jamais qu'il faut se serrer les coudes !"

Gabriel regarda Heaven droit dans les yeux, comme pour appuyer ses propos. Elle porta sa main droite à ses yeux et les essuya. Une trainée noire de maquillage s'effaca. Elle toussa, cala ses cheveux derrière ses petites oreilles légerement taillée en pointe et ouvrit la bouche d'un air incertain.

[Désolée du retard ! :S]

Heaven était bien trop désespérée pour remarquer une quelconque accélération dans le rythme cardiaque de son meilleure ami. A vrai dire, elle n'aimait pas passer pour une pleurnicheuse ou une fille qui veut simplement attirer l'attention sur elle et, de ce fait, elle évitait de craquer en public ou de demander de l'aide aux gens. Et puis, de toute manière, c'était toujours elle qui, d'habitude, allait réconforter les gens. Elle qui leur redonnait le sourire, elle qui prononcer toujours les mots qu'il fallait ou qui racontait toujours les blagues qui faisaient rire. Et maintenant qu'elle se sentait aussi fragile, ça la terrifiait de se rendre compte que les rôles étaient échangés, bien malgré elle. Elle avait bien évidemment une confiance sans faille en Gabriel - après tout, c'était son meilleur ami - mais elle redoutait vraiment de l'embêter avec ses problèmes qu'elle qualifiait, malgré tout, de 'petits'. Malheureusement, on arrive parfois à un point où l'on ne peut se débrouiller seule et où il faut se confier aux personnes les plus proches de soi. Ici, son meilleur ami. Oh, bien entendu, elle aurait aussi pu se confier à Ivy, mais celle-ci semblait déjà bien assez embêtée avec Andrew pour que Heaven la surcharge de ses problèmes en prime.

"Tu sais que quand tu pleures, on dirait la fille de Frankenstein !"

La jeune chanteuse ne pu s’empêcher de rire légèrement. Décidément, elle avait bien choisi Gabriel pour meilleur ami. Il savait toujours la réconforter et la faire rire quand il fallait et c’est ce que Heaven aimait le plus chez lui. D’ailleurs, elle était parfaitement consciente et elle savait pertinemment que le perdre serait une chose abominable, pour elle. Les deux jeunes gens se connaissaient depuis tant de temps ! Tellement longtemps qu’elle avait parfois même l’impression d’être sa meilleure amie et vice-versa depuis leur naissance. Avec Ivy, c’était pareil. Quelquefois, les deux jeunes femmes n’avaient besoin que de se regarder pour comprendre ce à quoi l’autre pensait. Enfin, ce n’était pas difficile de deviner à quoi pouvait bien penser Ivy ; toujours à la même chose ou plutôt à la même personne : Andrew. Est-ce que ce dernier y pensait aussi souvent qu’elle ? Heaven l’espérait fortement. A chaque fois qu’elle entendait sa meilleure amie parler de lui, c’était les yeux pleins d’étoiles et la voix chevrotante. Elle l’aimait sincèrement et ça se voyait beaucoup. Et puis, c’était une fille bien, la jeune femme le savait. Sous ses airs de maladresse et de timidité, elle était en fait intelligente et incroyablement compréhensive. Cela valait bien évidemment pour le reste du groupe. Oui, Heaven était consciente d’avoir des amis réellement géniaux…

"Ecoute Heaven, en temps normal je comprendrai parfaitement que tu ne veuilles rien me dire mais aujourd'hui et maintenant, il faut que tu me parles : ça fait deux semaines que j'ai remarqué que tu n'allais pas bien et puis depuis que l'on à sorti notre single, les paparazzi essayent de nous suivre et c'est de plus en plus dur de les éviter. C'est maintenant plus que jamais qu'il faut se serrer les coudes !"

La voix de Gabriel la sortit une nouvelle fois de ses pensées. Avec tous ses soucis, elle avait presque oublié le groupe et elle en avait honte. Depuis quelques semaines maintenant, Rock ‘n’ Love avait en effet sortit leur nouveau single. Il marchait à merveille et les fans suivaient toujours autant leurs idoles. Mais là où il y avait problème, c’était à cause des paparazzi. En effet, comme l’avait si bien dit son meilleur ami, ces derniers les suivaient absolument partout où ils allaient. Mis à part le fait qu’ils soient donc au courant de tout ce qui pouvait se passer dans leur vie, ils n’avaient plus une minute de répit. De ce fait, leur secret était de plus en plus en danger car si un photographe les prenait en photo alors qu’ils rentraient dans le lycée, ce serait réellement catastrophique. Dans sa tête, Heaven visualisait déjà le gros titre qu’allaient afficher les journaux qui se seraient emparés de l’affaire. Encore une fois, Gabriel avait raison : il fallait se serrer les coudes. Et cela passait par les problèmes personnels ou non. Alors, elle n’avait plus vraiment de raison de ne pas se confier à son meilleur ami, si ce n’était qu’elle ne voulait pas le déranger.

"Tu sais comment sont mes parents… Eh bien, depuis quelques semaines, c’est pire qu’avant. Je les déteste, Gabriel ! Ils me font souffrir et ils ne s’en rendent même pas compte. De toute façon, ils s’en fichent complètement. Seul l’argent compte, pour eux…" ajouta t-elle avec une profonde amertume.

Ce n’était pas un caprice d’une enfant beaucoup trop gâté, bien au contraire. D’ailleurs, si elle avait pu, elle se serait bien passer de tous ses cadeaux en échange d’un amour un peu plus parental. Comme pour se rassurer, Heaven se blottit le plus possible entre les bras de Gabriel et ne pu s’empêcher de penser à Kevin. Pourquoi ne lui en parlait-elle pas, à lui ? Eh bien, la jeune femme n’en savait rien du tout… et ça l’inquiétait. Tentant d’interrompre ses larmes, elle ferma les yeux et reprit la parole.

"Tu crois que je devrais en parler à Kevin ?"

Après tout, un avis extérieur l’aiderait peut-être à voir un peu plus clair… et à décider si elle devait se confier ou non à son petit ami.

» Gaby