Touché... Coulé. [Libre]

Owen Palmer a écrit:: Dans un dernier soupire mêlant tristesse et mal-être il entra dans le grand bâtiment, le couloir était quasiment vide, il s'adossa à un mur et se laissa tomber au sol. La tète levée vers le plafond, se demandant pourquoi il lui avait fait ça, se disant maintenant qu'il se foutait royalement de ce que le virus pouvait lui faire, qu'il l'emporte, ça n'avait plus d'importance...

Sa sert a rien, j'peux toujours me dire que tout se passera bien, que ma vie sera pas un désastre, mais les faits sont là, j'ai perdu les deux seules personnes que j'aimais, à quoi bon laisser une chance au virus de s'échapper en vivant encore quelques années ? Si j'en finissait maintenant ce serait pas lui qui m'abattrait. Si j'en finissais maintenant...

Il toucha avec son pouce l'artère irrigant son poignet, il suffirait de la trancher, comme tant d'autres avant lui... Il suffirait de... Ne pas avoir peur de la mort ?

"Même faire ça je pourrais pas ! Si j'en finissait maintenant je le regretterais... Une fois mort, pourrais-je toujours regretter mes choix ?..."

Une fois mort, tu me tortureras plus, ça j'en suis sur... Mais je ne la verrait plus, je ne sentirait plus rien, n'éprouverait plus aucun sentiment, plus aucune sensation... Est-ce que ça vaut le coup de mourir pour une histoire d'amour ? Qui plus est une histoire qui n'a jamais commencée... Grâce à moi... Non, à cause de moi.

Il se mit en tailleur, les coudes sur les genoux et pris sa tète dans ses mains. Ses yeux fermés dans ses paumes ne laissaient plus rien paraître désormais. Peu à peu le couloire perdait le peu de population qu'il avait amassé, en sortant les gens ne faisaient même pas attention à lui, mais désormais il était vraiment seul au moins.

Sa vaut pas le coup... C'est qu'une histoire... Sa laissera juste une cicatrice une fois que la plaie se sera refermée... Comme avec elle, quand elle est morte... Et puis ça me donnera une bonne raison pour ne pas appeler mon père, une déprime ça a des bons cotés... Enfin je crois...

Il recolla peu à peu son dos contre le mur, sa respiration était très lente. Il n'y avait dans le couloir que lui, et son acolyte le virus. La mort lui paraissait une vision moins dure désormais... Plus idéale. Mais il ne voulait s'y résoudre.

"Je vais lui foutre la paix, comme elle me l'a demandée, un bonjour le matin, un au revoir le soir, je chercherais pas plus loin. Si j'avais voulu la laisser tranquille j'aurais pas fait mieux... Mais continuer de l'ignorer aurait été moins douloureux... Vie de merde..."

Que quelqu'un vienne me dire que l'adolescence est le meilleur moment de la vie, il se retrouvera avec mon poing dans sa gueule... Ma vie sera déjà pas bien longue mais si en plus je dois avoir des expériences pires que ça alors je tiendrais pas...
P'tetre que j'aurais... Dut rester ?... Insister ?... Putain, nan ! J'dois laisser tomber, l'oublier... Je pourrais pas... Pas elle, pas si vite... J'pourrais pas tout court, à mon avis.
T'es content, saloperie de virus, tu m'as pourri la vie maintenant... Tu m'as arraché ma santé et toutes celle que j'ai aimé... Tu vas me prendre quoi là ? Ma vie tout simplement ? Va s'y, te gène pas... De toute façon que ça arrive maintenant ou dans sept ans qu'est ce que sa changera ? J'resterais ce que je suis... Un moins que rien...

"Et merde ! Allez, j'me reprends... Même si sa y ressemble c'est pas la fin du monde..."

J'aurais le courage de me lever ou pas ?... Pas pour l'instant.

Il se moquait que quelqu'un l'ai entendu parler, rien ne l'importait plus maintenant, il avait quasiment tout perdu, c'était la seule chose qu'il voyait...

Les pas de Prudence résonnaient dans le couloir habituellement vide. A vrai dire, de première vue, là où elle était, il était totalement vide. Elle ne pouvait se douter d’une présence humaine, d’un personnage recroquevillé sur lui-même.
Elle errait. Enfin non, pas vraiment. Elle réfléchissait. C’était un bon moyen pour elle de se plonger dans des moments de réflexion, dans des endroits tels quel. C’était agréable. Prudence passait souvent par ce couloir, mais à chaque fois, elle était plongée dans ses vagues pensées.
Le regard totalement vide, sa tête était embrouillée par toutes ses interrogations, ses réponses sans queue ni tête, ses sottises… Il y avait de tout.
Cependant, elle remarqua quelqu’un. Elle pencha la tête sur le côté sans vraiment savoir qu’elle avait bougé, un petit geste ne l’aidait pas en quoique se soit. Elle le voyait, de profil, une partie de ses cheveux, son corps, ses jambes repliées. Plus ou moins intriguée, la jeune fille s’avança vers lui. Ce n’était pas le moment où il fallait sourire, mais Prudence ne put retenir ses lèvres qui formait une courbe. Puis, elle se ressaisit, tout en continuant d’avancer.
Une fois arrivée non loin de l’inconnu, elle ralentit ses pas, et se plaça sur le côté, où elle se laissa glisser, le sac contre le mur, les jambes désormais repliées, dans une position semblable à celle du jeune homme. Avant d’entreprendre une quelconque conversation, même s’il ne paraissait pas vraiment vouloir lui adresser la moindre parole, elle s’humecta les lèvres.

Prudence ne savait pas qu’elle s’adressait à un de ses colocataires à ce moment là. Elle ne l’imaginait pas comme ça.
Il y avait énormément de chance qu’il l’envoie se faire voir. Elle aurait fait la même chose après tout. Mais la situation était étrangement familière.

Pensa-t-elle. Elle parlait fréquemment à la troisième personne pour se désigner elle-même, et se surnommait Sarah. Elle aurait souhaité s'appeler ainsi juste pour avoir droit à la chanson de son frère. Mais malgré ça, Sarah persiste de croire à des allusions totalement fausses et inutiles. Des choses qui ne mèneront nulle part, et qui ne servent que de divertissement, de passe-temps.

Ses yeux étaient ouverts, son regard perdu, à part le temps nul n'aurait put le faire aller mieux. Il ne voulait même pas essayer de parler, être seul, c'est tout ce qu'il demandait... Ce n'est pas comme ça que sa se passa.

"Hm... Je peux t'aider, peut-être ?"

Je sais même pas qui tu es... Je reconnais pas ta voix et j'ai aucune envie de tourner la tète pour voir si je te connais de vue... De toute façon toi tu dois pas savoir non plus qui je suis... Ashley ne le sait pas non plus... Elle ne connait que mon prénom... Et j'espère qu'elle l'oubliera vite...

Il prit une profonde respiration et ferma les yeux, encore... Il stressait rapidement, mais là c'était pire que ça... Il était mal au fond de lui, apparemment rien ne pourrait le guérir. Les cernes qu'il possédait déjà semblaient s'accentuer avec l'ombre du couloire, ça lui donnait vraiment une tète de déterré... Mais ça n'avait pas d'importance...

"Si t'as un moyen de me faire retourner vingt / trente minutes en arrière et de m'empêcher de chercher à me faire pardonner alors oui, tu peux m'aider..."

Pou... Pourquoi avec cette inconnue je parle comme ça, j'ai rien de froid dans la voix... Je lui gueule pas dessus, je cherche pas à me casser... Pourquoi est-ce comme ça avec elle et tout l'inverse avec Ashley ?... C'est peut-être vrai alors, que j'ai du mal à parler avec les gens que j'aime... Allez, c'est bon ! Stop ! C'est mieux comme ça ! Qu'elle soit loin de moi, qu'elle m'oublie ! C'est ce que je voulais... Avant.

"J'peux te poser une question ?... Tu ferais quoi, toi, si tu kiffait quelqu'un mais qu'il ne devait rien se passer entre vous à cause de... D'un souvenir qui t'empêche d'avoir des relations ?... Moi j'ai tout fais de travers, et elle en a souffert... PUTAIN !"

J’vais pas parler de s’te saloperie de VIH à quelqu’un que je connais pas… Déjà que je suis pas foutu d’en parler à Ashley… Même pas pour la garder… Je… Nan… Je dois pas lui dire… Elle doit continuer de croire que je joue juste avec elle… Je veux pas qu’elle me trouve des circonstances atténuantes… Je veux qu’elle m’oublie… Je veux l’aimer…

Il se leva d'un bond et alla jusqu'au mur d'en face... Il posa son front contre celui quelques secondes et se retourna. Il vit enfin le visage de la jeune femme qui lui parlait... Non, il ne connaissait pas... Ou alors de très loin uniquement. Il revint vers elle et se mit en tailleurs en plein milieu du couloire.

"Oublie ce que j't'ai dis... Mais, si t'es ici et surtout si t'a fais attention à moi c'est que ça doit pas aller géniale non plus toi... Si ?"

Sa me changera peut-être les idées de parler d'autre chose... Mais je pourrais pas l'oublier...

Elle parut perplexe, lors de sa première question. Disons que, la question était pas mal rude, et elle ne s'y attendait strictement pas. Mais elle laissa passer. Après tout, si elle y répondait, la réponse ne serait qu'un assemblage de multiple idioties qui lui venaient à l'esprit.
Prudence restait donc silencieuse, sans doute à attendre que le jeune homme se décide de dire quelque chose, quoique, elle prendrait l'initiative de souffler quelques paroles si le silence devait trop pesant.

« "J'peux te poser une question ?... Tu ferais quoi, toi, si tu kiffait quelqu'un mais qu'il ne devait rien se passer entre vous à cause de... D'un souvenir qui t'empêche d'avoir des relations ?... Moi j'ai tout fais de travers, et elle en a souffert... PUTAIN !" »

Elle gémit légèrement, toujours un peu perplexe. C'était assez compliqué comme situation, et le garçon était bien en difficulté. Mais elle ne pouvait comprendre pourquoi, ses dires étant bien évasifs pour elle.
Prudence le voyant se relever, cru l'instant de quelques secondes qu'il allait partir : ce n'était pas un gros changement vu le peu de paroles qu'ils s'étaient échangés. Elle avait bien envie de répliquer quelque chose, même si la réponse allait être tout bonnement brève, et inconstruite. Pourtant, elle avait envie de lui parler. C'est là qu'il prit, une fois de plus la parole, alors que la jeune fille n'avait encore rien prononcé.

« Bah... Je sais pas. Il faut être dans un état piteux pour voir que tu existes ?
Puis, pour la question, je préfère pas y répondre. C'est pas contre toi, ou c'que tu veux, mais j'ai pas envie de déballer une belle connerie. »

Elle pencha légèrement la tête sur le côté, s'ébourifiant elle-même ses cheveux. C'était peut-être un signe, qui indiquait elle pensait, ou non. C'était devenu machinal, et elle ne prenait pas conscience des faits, parfois.

« Dis-moi, tu restes souvent ici, dans le coin, tout seul ? »

Et là, si elle aurait continué sa phrase, elle n'aurait fait que de donner raison à la phrase que le jeune homme avait prononcé quelque temps avant. C'était à dire 'Oublie ce que j't'ai dis... Mais, si t'es ici et surtout si t'a fais attention à moi c'est que ça doit pas aller géniale non plus toi... Si ? '

J'étais assis là, comme un con, en plein milieu de s'couloire presque désert... Il n'y avait qu'elle, et moi... On étaient des inconnus l'un pour l'autre... Mais, au final, se connaissaient-on vraiment ? A mon avis je pouvais en dire autant sur elle qu'elle en dirait elle même, et elle inversement... Si on étaient tous deux ici c'est bien que quelque chose clochait dans notre vie... Enfin, tous les deux, pas exactement malheureusement...

"Souvent, non... Jamais pour être exact, c'est la première fois pour moi mais j'avais... Besoin de déstresser... Et, ici, c'est le mieux que j'ai trouvé."

... On croirais des petits enfants je trouve, la "facilité" apparente avec laquelle les mots s'échappent de nos bouches, de nos esprits, alors qu'on ne s'étaient jamais vue avant... Tout ça parce qu'on avait des sentiments peut-être pas très différents au même moment. 'Fin nan, c'est p'tetre ce que les gens normaux font, parler sans se soucier d'avec qui on est, parler simplement, sans réfléchir... Encore qu'on puissent pas dire qu'elle et moi ne réfléchissions pas avant chacune de nos phrases...

Il restait assit en tailleur en face de la jeune femme. Planté au milieu du couloire. Il ne regardait pas vraiment son interlocutrice, son regard se perdait alors que son pouce touchait encore son poignet... Comme il y a quelques minutes... Quand il pensait à... Se laisser gagner par le virus.

"Raz le cul de cette foutue malad... Eu... Nan, rien..."

Et voila... La connerie qu'il fallait pas faire... Je la connais même pas et, juste parce que je réfléchis trop sans faire attention à ce qui m'entoure, j'ai faillit lui dire que j'avais le sida... Tu t'éclates au moins, saleté de VIH, au fond de moi ? Tu prends ton pied là à tout me retirer ?... Avec un peu de chance tu vas même me retirer le peu de crédibilité que j'ai au bahut...

"J'sais pas si il faut forcément être dans un sale état pour me voir mais en tout cas me supporter nécessite beaucoup de qualités... A force de me comporter comme ça j'repousse tout le monde... Comme si j'avais pas assez de raison de me prendre la tète avec le s... Lui..."

... J'dois le faire exprès là, y a pas d'autre moyen pour que j'passe si près de la vérité deux fois avec la même personne en même pas cinq minutes... J'devrais p'tetre en profiter d'être avec quelqu'un que je connais pas... En parler ?... Nan, nan, j'deviens fou là, va falloir me faire interner... Pour le peu de temps qu'il me reste à exister... Avec toi en moi...

"Et puis tu sais, la solitude... J'connais pas... J'suis jamais vraiment seul..."

Façon détournée de parler de sida qui l'habitait... Qui le mettait si mal...Il était dans un sale état le Owen, en tout cas. La fatigue accumulée avec le stresse de ce qu'il venait de se passer avec Ashley lui avait creusé quelque peu les cernes... Il avait l'air à bout, de ne plus en pouvoir... Mais il tenait encore debout, jusqu'à quand, allez savoir...

« Je vois... »

Répondit-elle, la voix basse.
Il était vrai que, malgré le fait qu'ils ne se connaissaient nullemen, les deux inconnus semblaient aborder des sujets qui n'interessait pas particulièrement les inconnus. Enfin, dans la banalité des choses, les discussions, se déroulaient d'abord par une présentation assez brève, puis si jamais un point commun était présent entre les deux êtres, un débat s'engagera sur ce sujet. Autrement, ils se contenteront d'exposer leur avis sur le batîment où il se trouve. Quelle originalité, mais Prudence, comme tout le monde, pensait-elle, avait déjà utilisé au moins une fois cette petite balade entre les mots, monotone et ennuyeuse.
Les mots semblaient être durs avec le jeune homme, et elle pensait avoir compris le mot en question. Malad... C'était plutôt facile, à en conclure. Cependant, Prudence restait muette à toutes envies de lui demander des précisions, par politesse, intimité. Elle n'aurait pas apprécié elle non plus, alors, soyons raisonnables. Cela lui faisait donc penser à une situation d'enfants, assis dans un couloir à se raconter leurs petits exploits ? - petits exploits est très exagéré – Possible. Mais Prudence était de nature assez naïve par moment, et ses faiblesses étaient accentuées lorsqu'elle se trouvait dans un état de fatigue. Or, elle ne laisserait pas ce qui la tracasse prendre le dessus, bien habituée.

"J'sais pas si il faut forcément être dans un sale état pour me voir mais en tout cas me supporter nécessite beaucoup de qualités... A force de me comporter comme ça j'repousse tout le monde... Comme si j'avais pas assez de raison de me prendre la tète avec le s... Lui...''

Prudence eut un léger sourire. Elle se sentait bien fine de sourire sur une situation comme celle-ci, mais c'était drôle. C'était drôle, dans un certain sens.
Elle avala sa salive, avant d'entamer sa soi disante réponse, plus développée que la précédente.

« Désolée, c'est juste que c'est famillier comme situation. Ca me fait rire. Désolée. »

Y a cinq ans, putain. Ce concour de bd là, avec mon truc dit trop personnel. Tss... Ca y ressemble. Pas directement mais c'est très ressemblant. M'enfin, si je continue comme ça, à faire le rapprochement entre telle situation avec telle situation, j'en aurai pas fini. Putain, ta gueule. Pensa-telle.

« De toute façon, dès qu'on fout pas une présentation carrée, toute faite, les gens en général se bougent pas le cul. C'est tellement plus simple lorsqu'il suffit de se dire directement les points en communs. »

C'était tellement idiot comme réponse, surtout la première partie, bourrée d'excuses qu'elle ne remarquait pas et qui lui échappait comme ça.
Bref, calmons nous.

Les réponses de l'inconnu étaient vagues, inprécises, et confuses. Surtout cette dernière. La phrase était peut-être, même certainement ambiguë, mais Prudence ne chercha pas à comprendre la seconde face.

Il écouta la jeune femme, les yeux divagants dans le vide de son esprit, le regard se perdant peu à peu dans ses soucis... Il lui fallut quelques secondes pour se remettre. Il s'allongea, comme ça, c'était pas plus compliqué. Toujours les jambes en tailleurs il avait désormais le dos à terre, on aurait vraiment dit un gamin, les mains derrière la tète il scrutait le "ciel" qui s'offrait à lui : le plafond et toutes les traces d'un passé plus ou moins lointain qui y habitaient.

"On... Aurait pas l'air de deux gamins là par hasard ?"

Je... Me sens mieux ? Comment ça s'fait ?... J'me sens comme libéré... Pourtant y a pas de quoi, j'ai rien dis... Enfin, presque rien... Et je pense toujours à elle... Mais je vais... Bon, mieux c'est pas vraiment le mot, mais... Un peu moins mal on va dire...

"Sinon, pendant qu'on est là tous les deux, autant en profiter..."

Se relevant brusquement il afficha une expression... Entièrement bizarre, entre la surprise et la gène, une tète risible qu'il perdit bien vite en reprenant la parole...

"J'viens de me rendre compte que c'était pas la meilleure façon de dire ça... J'voulais juste dire que, pendant qu'on avaient apparemment que ça à faire tous les deux on avaient cas... Parler ?... D'autre chose... Bien la rentré ? Question con, je sais, mais j'ai que ça en tète pour l'instant."

Et là ça... Sort tout seul... Sans même que je veuille spécialement parler... J'parles pourtant plus avec elle qu'avec Ashley... Mais si j'avais plus parlé à Ashley j'aurais pas rencontré... Eu... J'connais même pas son nom... J'fais quoi là ? J'lui d'mande ou pas ?... Rah p'i merde ! Si elle veux qu'on se donnent notre nom elle le demandera... Si j'lui d'mande maintenant, après m'être comporté comme ça, j'voudrais pas qu'elle croit que... J'm'interesse à elle plus que je ne le devrais... Je sais même pas si elle croirait ça... J'ai vraiment pas l'habitude avec ce sport de merde là, la drague, du coup je sais pas ce que je peux dire ou non... Ai mais, j'me prends la tète tout seul encore...

Dans un soupire profond un murmure lui échappa sans même qu'il ne s'en rende compte... Pourtant il faisait attention à son interlocutrice, il la regardait dans les yeux, mais ce nom devait sortir apparemment...

"Ashley..."

Elle se contenta de hausser des épaules. Elle suivait à la trace chaque mouvement de son interlocuteur, pas que ça l'interessait spécialement, mais puisqu'il n'y avait pas grand chose à faire, chaque petit mouvement prenait plus d'ampleur.
Concernant sa question, c'était peut-être vrai, même si au fond, Prudence se trouvait extrêment enfant. Puis, il se releva d'un coup sec, et enchaina ses paroles. Elle eut une moue interrogative à la première partie, ne comprenant pas vraiment où est-ce qu'il voulait en venir, mais une étrange illumination se fit, à la seconde qui suit.

Foutue banalité, qui l'obligeait.

Elle se mit en tailleur, quelques instants, puis tendit les jambes, les croisant. Elle se décala légèrement sur le côté, pour ne pas donner des coups au jeune homme, et se laissa glisser encore un peu contre le mur. Il n'y avait maintenant, que le haut de son dos – sachant que le sac y était encore accroché – tandis que le bas était de biais, entre le mur et le sol. Ses coudes touchaient plus ou moins la surface sur laquelle ils étaient assis, la paume contre, les ongles qui faisaient des allers – retours discrèts.
A ce moment là, il prononça un prénom. Ashley. Oui, bien évidemment ça lui disait quelque chose, et cela sans qu'elle n'eut besoin d'un temps de réflexion.

Inutile de lui dire qu'il faisait parti de la chambre. Enfin, c'est à dire qu'elle ne pouvait pas se douter qu'elle avait en face d'elle, le dernier colocataire, Owen en l'occurence.

Prudence orienta ses pupilles vers la fenêtre qui se trouvait en face d'elle, avec un peu de mal vu sa position affalée. Rien d'interessant. Juste pour voir le temps dehors. Juste pour constater le changement de lumière, le passage du jour à la soirée puis à la nuit.

Il sourie légèrement à la première réponse de la jeune femme en fermant les yeux, sa rentrée ? Mais, elle était parfaite, ça ne se voyait pas ?... Dans sa tète valsaient en rythme mélodies mélancoliques et envie de dramatique, c'était dure de concilier envie de crever et besoin d'aimer...

Elle doit demander ça pour la forme, elle voit bien que pas revenir du tout ça m'aurait pas vraiment gêné, sauf si ça s'était passé autrement entre Ashley et moi... Mais comment ça aurait pu se passer autrement après ce que je lui ai fait ?... Après la façon dont je me suis comporté avec elle...

"Moi je me serais bien passé d'une journée comme celle-ci... Et puis bon, de toute façon pour moi, après le bahut, y aura pas grand chose..."

Grace à qui ?... Et ouai, tu t'es r'connus... Bon, faut que j'arrête de penser à toi, sors de ma tète sale virus !... J'ai besoin d'air !...
Ashley ? Pourquoi elle me parle d'elle ? Qu'est ce que j'ai... Pensé tout haut... Encore... J'devrais faire gaffe à ce que je dis moi... Plus que je ne le fais déjà...

"Voilà, on l'a trouvé, notre point commun... On la connait tous les deux... Même si j'aurais voulu la connaitre mieux..."

Nan, nan, j'ai l'air con là à me gratter la tète en souriant... Ola, mais quelle image je file ?... Et qu'est-ce que j'en ai à faire de mon image à la fin ?!? Dans quelques années j'aurais dispar... J'ai déjà oublier que j'avais dis qu'j'en parlais plus ?...

"J'ai eu... Droit... A mes quatre vérités, on va dire... Mais je les avais mérités, elle m'a remis à ma place... J'aurais jamais du quitter le sol, elle joue pas dans la même catégorie, surtout quand on voit comment je l'aie traitée ces derniers temps... Enfin bref, on s'en fous !... Ta colloc' pour l'année ? Une chambre mixte ou pas ? J'suis toujours pas allé voir où ils m'avaient casés."

J'avais oublié, ça... Mes valises au fait ?... Oué, j'irais les prendre dans la soirée... Sa presse pas... Donc, mystérieuse inconnue, t'es dans la même chambre... Qu'elle... J'espère que je suis pas avec vous... J'veux pas que... J'veux faire s'qu'elle a dit, lui foutre la paix...

"Si j'me fais pas passer pour un con alors tu dois vraiment me prendre pour un fou... Désolé."

Elle haussa des épaules, nonchalamment. Ce n'était pas un réel manque d'énergie, mais elle était quelque peu gênée par sa position, qui ne lui permettait pas de faire des gestes amples, plein de dynamisme, et très distinctifs.

« Disons que, il y aura boulot, métro, et routine habituelle. Ca doit pas être très différent. »

Continuant de vagabonder ses yeux par-ci par-là, une fois par la fenêtre, une fois sur les mur délabrés, dans les coins poussérieux, le plafond grisé, qui était avec des chances, autrefois blanc, Prudence finit par les reposer sur son interlocuteur, lorsqu'il aborda, en quelque sorte, le sujet des points communs.

« Voilà, on l'a trouvé, notre point commun... On la connait tous les deux... Même si j'aurais voulu la connaitre mieux...

- Mouais, j'la connais pas si bien. C'est une connaissance comme ça quoi, rien d'approfondi. Ca fait pas vraiment un point commun, ça. »

Puis, il prit de nouveau la parole, un ton qui lui semblait plus hésitant, et un morceau un peu plus dur à cracher. Evident. C'était étrange comme il venait à lui parler ainsi. Ils ne se connaissaient pas après tout, mais pourtant, lorsqu'ils vinrent à aborder le sujet de Ashley, le jeune homme... parlait. Parlait plus en tout cas. Non, elle ne s'attendait strictement pas à ce qu'il lui dise cela, même si ses paroles étaient brèves.

« Hmm ? Fit-elle, sans presque aucune intonation, préférant ne rien ajouter au sujet de ce que l'on pourrait appeler mesaventure. Je sais pas si c'est possible de changer de colocataire, j'ai jamais essayé mais à prori, on s'ra colocataire pour l'année. Hin, ouais c'est des chambres mixtes. Y a Ashley donc, Hope Joby, Nathan Shepperd, puis Owen...Palmer. Je connais pas le dernier, mais je verrai bien de toute façon, si on est voué à passer l'année ensemble. »

La jeune fille eut besoin de fouiller dans sa mémoire, concernant le nom de famille de Owen, ignorant encore qu'elle lui parlait, vu qu'elle ne l'avait lu qu'une seule fois et qu'elle ne le connaissait pas.

« Si j'me fais pas passer pour un con alors tu dois vraiment me prendre pour un fou... Désolé.

- Hein ?

Putain, j'ai la tête dans le cul là, pas possible. Faut qu'j'me ressaisisse rapidement, ts.

Elle secoua rapidement la tête, puis se redressa, revenant contre le mur, mais assise en tailleur cette fois-ci. Elle fit un tour avec sa tête, afin de 'détendre' le cou.

« Nan, je vois pas pourquoi après tout. »

(désolé de ce post pourri, pas d'inspi...)

"Owen Palmer ?..."

Il sembla pensif un instant, devait-il lui dire que c'était lui ?... 9a avancerait à rien de toute façon, et bien autre chose hantait son esprit à ce moment précis.

Et merde... J'avais quoi ? Une chance sur dix de tomber avec elle ? Peut-être même moins... Bah génial, j'ai plus qu'à essayer de changer de chambre alors... Après ce qu'il s'est passé entre elle et moi je vais pas lui imposer de cohabiter... Sa me saoule, j'ai jamais de chance avec cette putain de vie... Quand je décide d'un truk ça part toujours de travers.

"... Moué... J'sais pas si on peut changer de chambre... 'Fin bon, faut pas penser à ça alors qu'on vient à peine d'arriver... P'i, après tout, à la sortie des cours on sera déjà mis en situation pour plonger dans nos lits sans faire attention à ceux qui partagent la chambre..."

Il prit une profonde bouffée d'air, repensant à l'année dernière "Alors, vous voyez, la racine carrée de x multipliée par le triple de y devrait être égale à la somme de w et de z..."... De quoi tomber direct dans un sommeil profond, sans même s'occuper d'avoir un oreiller où tomber ou non, alors, après ça, comment être assez lucide pour faire gaffe à ceux avec qui on habitent pour l'année ?...

"Allez, j'crois que j'vais aller voir où ils m'ont placés... Sa peut toujours servir de savoir où je vais crécher... R'marque, j'ai même pas mes affaires alors bon..."

Vaut mieux que j'y aille moi, où je sais pas, mais il faut que j'y aille, j'veux pas que la discutions dérive encore en ma défaveur... Pourquoi je parle si facilement moi ? Le stress ?... Besoin de pioncer !...

Deux gestes et il fut levé, il n'avait même pas de sac sur les épaules, rien n'entravait ses mouvements et ses pensées, si ce n'est un petit virus qui ne faisait que se diviser, encore et encore, afin de toujours plus gagner de terrain... Pour qu'il finisse bel et bien par l'emporter dans la tombe...

(Gomeen >_<")

« Ouais... Enfin, si je me trompe pas, mais ça doit être ça.

A ce moment là, il se releva. Elle gémit un coup, relevant la tête vers lui une nouvelle fois, alors qu'elle baladait son regard dans le long du couloir. Ah, il part déjà. Après tout, il n'avait pas une excellente mine, donc ça arrangera peut-être les choses. Prudence ne cherchait pas à le retenir, puis de toute façon, elle ne le connaissait pas, alors où serait la raison valable pour le prendre par la manche, et de lui demander de rester encore un peu.

« Bah, à un de ces jours p't'être. »

Non, en fait c'était certain, mais elle ne pouvait le savoir. Elle allait sans doute le cotoyer pendant toute l'année.

« Juste, tu t'appelles... ? A part si tu préfères que je te nomme 'le gars rencontré dans un couloir délabré' – remarque ça rime - ...M'enfin, j'suis Prudence. »

Après l'avoir fixé quelques secondes, le temps de prononcer ces deux petites phrases, elle détourna le regard, droit devant elle, fixant l'endroit où il était assis. Des yeux dénués de toutes expressions, elle attendait, soit qu'il parte muet, soit une réponse. La tête vide, Prudence semblait plus ou moins concentrée sur le mur, même s'il n'avait strictement rien d'impressionnant. Loin de là.

Tournant sont regard vers la porte par laquelle il était entré dans ce vieux couloire il écouta patiemment son interlocutrice, apparemment nommée Prudence.

C'est bien ce que je pensais, j'te connais pas... Mais t'en fais pas, on risque de se revoir assez vite... Enfin, tout dépend du moment que je choisirais pour aller skoiter notre chambre... Et ça, sa dépendra en grande partie de la vitesse à laquelle mes bagages arriveront. Tien, en pensant à ça, faudrait peut-être que je le prévienne que je l'attends, nan ?

"Ca me va bien j'trouve 'le gars rencontré dans un couloire délabré'... Mais, c'est pas pratique à dire... Hum... 'Le mec du couloire délabré' j'pense que sa s'ra plus simple, nan ?... J'te dirais bien au revoir mais je suis certain qu'on restera pas bien longtemps séparés..."

Sur ces mots il sortit de sa poche un portable, tapa un numéro et le mit à sont oreille avant de se retourner et de se diriger vers la porte, un léger sourire collant à ses lèvres.

P'pa, tu réponds quand tu veux tu sais ?... Sa sonne, sa sonne... Pourquoi les gens sentent pas leurs portables vibrer dans leurs poches hein ? Pourquoi ils répondent pas tout de suite ?... Bon, et puis de toute façon j'ai encore un truk à faire.
J’vais quand même le lui dire, mon nom, j’peux pas me casser comme ça, en faisant presque comme si on n’avaient pas parlé… Après tout, sans elle, qui sait jusqu’où je serais allé ?... P’tetre jusqu’au bout, à cause de lui… De pire en pire, j’commence même à penser que c’est de sa faute si j’ai voulu mourir… Si j’suis pas assez fort pour l’assumer ça concerne que moi, même si il y est pour quelque chose…

Alors que le portable avait cessé de sonner et qu'une voix commençait déjà à parler à Owen celui-ci se retourna et adressa un dernier signe à Prudence.

"Owen, c'est moi le dernier colloc' de la chambre."

Sur ces mots il passa la porte, parlant tranquillement à son père...

(désolé Sad

... La prochaine fois je ferais mieux, promis)

Elle acquiesça d'un bref signe de tête, légèrement souriante, lorsqu'il lui répondit. Ce n'était certes pas un excellent surnom, voire complètement pathétique, et l'appeler ainsi lui déplairait bien. Mais pourtant, elle n'aimait pas nommer les personnes 'ils' trop souvent, leur parler fréquemment et cela sans savoir un minime détail tel que le prénom. Pour certains, le prénom était un véritablement quelque chose mais Prudence n'y attachait aucun importance. Elle aurait pu s'appeler Sarah, les choses n'auraient sans doute pas changées.

"Owen, c'est moi le dernier colloc' de la chambre."

Ah beh. Elle émit un léger signe d'exclamation, de surprise pourtant peu audible. Elle ne s'y attendait pas, c'était vrai, mais ça ne l'étonnait pas plus que ça.

« Je vois... A ce soir, ou bientôt en tout cas. »

Prudence ignorait ses dites salutations qui étaient parvenues, mais de toute façon, cela était peu interessant. Ils seraient voués à se cotoyer s'ils partagent la même chambre, même si éviter quelqu'un était tout à fait possible même en étant colocataire. Lorsqu'elle se releva, le dénommé Owen avait déjà traversé la porte, disparaissant du chantier de vue de la jeune fille. Elle chercha la fermeture éclaire de la petite poche de son sac à dos, qui n'avait pas bougé depuis un bout de temps, et l'ouvrit. Elle y plongea sa main pour y ressortir un bout de papier qui était visiblement usé, plié en quatre, ou plus. Prudence le déplia rapidement, sans vraiment prêter à y prendre soin, puis se le relu. Une petite malheureuse phrase. Elle soupira, et commença à marcher dans le couloir désormais dénué de tout signe de vie humain.
Dans quelques secondes, le bruit de ses pas se seront dissipés, et le couloir sera denouveau plongé dans le silence auquel ces murs se sont habitués.

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